
Le Groupe Montagne des Sapeurs-Pompiers (GMSP) du SIS de Haute-Corse s’est déplacé cette année entre l’Italie et la France afin de réaliser un Raid à ski, dans le cadre de leur formation aux maintiens des acquis (FMA). Ces actions de formation ont lieu tous les ans. L’équipe se réunit deux fois, pendant 5 jours en fonction des futurs stages et des objectifs à travailler.
Evoluer dans des massifs différents permet d’atteindre les objectifs suivants :
- Travailler la préparation des courses à réaliser en montagne.
- Rencontrer d’autres équipes opérationnelles, évoluer et échanger avec elles,
- Travailler en groupe et organiser la sécurité dans un milieu inconnu,
- Préparer les recrues aux futurs stages qu’ils effectueront sur le continent,
- Renforcer la cohésion du groupe,
- Effectuer une remise en question permanente,
- Enfin, maintenir un niveau technique essentiel à l’opérationnalité.

Les plus rapides iront devant et fixeront les cordes sur les 200 mètres d’escalade de glace et de mixte du Col du Piolet
Le projet, son histoire et son déroulement, jour après jour…
Le projet de cette année… Organiser une semaine de raid à ski ou alpinisme nous permettant d’accéder à un beau sommet en fin de stage. Les idées se bousculent, Mont Blanc, Grand Paradis, Mont Rose Albaron, Dôme de Miage….
Trois petits groupes travaillent en amont sur les différentes possibilités et préparent les raids.
Même si les projets sont tous excellents, l’idée de suivre les traces des autres ne nous convient pas. Nous voulons quelque chose de plus sauvage, de plus engageant où l’on sortirait tous de notre zone de confort.
Grace à notre guide de haute montagne Jean-Baptiste Castellani qui connait maintenant très bien le massif du Mont Blanc car il y exerce son métier tout au long de l’année, une proposition intéressante émane : L’ascension du Mont Blanc par le versant Italien, après un raid nous permettant de faire le tour du Massif. Un projet peut-être même jamais effectué dans cette configuration.
Départ Chamonix retour Chamonix
Le projet fait peur car il est physiquement techniquement et mentalement difficile à réaliser. Il suscite des interrogations, mais peu importe, le collectif prendra le pas sur l’individuel et nous réussirons. Il ne reste plus qu’à se préparer, et agir en fonction des conditions météorologiques en montagne.
Dimanche 27 avril 2025 :
Nous prenons la route en direction de Chamonix. Sur le trajet nous organisons les navettes entre Chamonix et Courmayeur et réservons les refuges et gites. Sur place nous préparons le matériel, organisons nos sacs et achetons les vivres de course pour les refuges non gardés.
Lundi 28 avril 2025 :
Départ du téléférique de l’Aiguille du Midi pour accéder à la Vallée Blanche. Les conditions de neiges sont rassurantes, les dernières chutes de neige ont bien comblé les crevasses, mais les grosses chaleurs imposeront de la prudence.
Après une belle descente jusqu’au glacier de Leschaux nous mettons les peaux de phoque en direction du refuge du Couvercle. Le Passage de la pierre à Béranger nécessite de mettre à plusieurs reprises les skis sur le dos. Nous progressons bien et arrivons de bonne heure au refuge. Nous pouvons distribuer les légumes et fruits frais apportés au gardien avant de boire une bière et entonner quelques chansons avec
toute l’équipe du refuge. Le repas est très bon et l’accueil au top. Il est temps d’aller dormir, le départ se fera à 3 heures du matin le lendemain.
Mardi 29 avril 2025 :
Départ très matinal mais imposé par les chaleurs et le gros groupe que nous sommes. Nous nous sommes organisés la veille, les plus rapides iront devant et fixeront les cordes sur les 200 mètres d’escalade de glace et de mixte du Col du Piolet. A 7H30 les premiers arrivent au pied du couloir et commencent l’ascension alors que les autres acheminent le matériel progressivement pour équiper la descente.
Heureusement Jean-Baptiste avait deux jours auparavant tracé l’itinéraire et équipé les relais rendant la progression moins aléatoire et plus sécuritaire.
Nous basculons vers 9 h 00 au col. Il est temps pour nous d’équiper la descente. En 5 rappels nous prenons pieds sur le glacier. Toute l’équipe est là à 11 heures. La journée est loin d’être terminée.
Nous devons descendre le glacier de Taleffre que personnes ne connait et qui est très peu fréquenté.
La descente est superbe au milieu des crevasses et la neige est bonne à skier.
Nous sommes obligés de faire un ultime rappel pour nous extraire du glacier. Nous glissons ensuite tranquillement jusqu’au Val Ferret. Nous portons les skis sur 6 km mais qu’importe, la journée a été riche d’expérience et de solidarité. L’arrivé à l’hôtel est tardive et nous devons encore préparer les sacs pour le lendemain et organiser la logistique pour les jours à venir. Nous avons encore beaucoup d’incertitude quant à l’enneigement du Val Veny et à l’accès au refuge de Gonella.
Mercredi 30 avril 2025 :
Un peu fatigués de ces deux jours, nous décidons de trainer un peu. Les infos sont bonnes et grâce à Matteu, Henry et Dario les guides au top de Courmayeur, nous réduisons un peu la longue approche pour aller au refuge bivouac de Gonella. Ils nous déposent en 4X4 en haut du Val Veny, nous commençons paisiblement notre ascension.
Après une belle pause à la cabane Combal, Nous accédons au glacier de Miages et parcourons cet itinéraire sauvage. La face sud du Mont Blanc et ses courses d’envergures sont sous nos yeux émerveillés.
Étant partis un peu tard et ayant un peu sous-estimé les pentes sous le refuge de Gonella nous devons redoubler de vigilance et prendre des précautions. Tous se passe bien et nous arrivons enfin à 18h00 à Gonella. Les corvées sont nombreuses alors tout le monde s ‘active. Tracer le départ pour le lendemain pour faciliter la progression, faire bouillir de l’eau pour faire à manger, remplir les gourdes pour le lendemain, se changer, organiser les couchages, préparer les jours à venir…. Bref un bon chantier. Mais malgré cela l’endroit et fabuleux et le moral infaillible.
Jeudi 1er mai :
Nous devions partir pour le refuge du Gouter, dernier refuge non gardé avant le sommet mais il n’y a malheureusement plus de place. Si nous voulons grimper au sommet, nous devrons le faire aujourd’hui.
1850 m de dénivelé un glacier à traverser, une arrête de neige et la dernière « arrête des bosses » toujours difficile à cause de l’altitude. Tant pis nous verrons bien. Le temps de faire fondre de l’eau pour remplir les gourdes et nous partons vers 8 h 00. Horaire déjà un peu tardive…. La traversée tracée la veille nous facilite l’accès au glacier mais elle est très exposée. La chute est interdite.
Nous perdons un peu de temps mais nous attaquons tous ensemble la montée du glacier. Quelques crevasses à éviter, un sérac ou deux où il faut passer un peu vite…. Puis nous nous retrouvons au pied d’un couloir de neige. Jean-Baptiste attaque alors sa pénible trace de la » voie des papes. » Nous suivons tous skis sur le dos et crampons aux pieds. Les distances se creusent entre nous. Je resterais derrière avec les derniers et Jean-Baptiste tracera jusqu’au piton des Italiens.
Nous communiquerons par radio. Cette progression est lente et les premiers d’entre nous commencent à manifester des signes de fatigue. Les leaders font un mini camp de base au col du Dôme du goûter, font fondre de l’eau et préparent à manger pour le reste de l’équipe. Tout le monde a réussi à arriver jusque-là, l’essentiel est fait nous pouvons basculer sur Chamonix. Nous attendons les derniers pour prendre la décision d’aller au sommet ou pas.
Après une pause bien méritée les batteries sont rechargées. Gonflés à bloc, nous partons vers le sommet. La progression est difficile et nos corps peu habitués à ces altitudes souffrent. Peu importe nous avançons doucement et à 17 h 00 nous sortons au sommet, seuls au monde. La joie et l’émotion sont là. Nous faisons flotter la Bandera et entonnons a paghjella composée par Jean-André pour l’occasion.
Nous sommes heureux d’avoir pu réaliser notre projet et qui plus est de la plus belle des manières. Nous devons rester concentrés, la descente et longue et le gardien du refuge des Grands Mulets nous attend.
La descente du mont blanc est magnifique et les couleurs du soir sont au rendez-vous.
20 h 00 nous arrivons fatigués mais ravis et pleins de souvenirs en tête. La nuit ne sera pas évidente car le refuge est plein et nous devons dormir dans la salle à manger. Lorsque les skieurs partiront à 2 h 00 du matin nous prendrons leurs couchettes. Un grand merci à ces gardiens de refuges qui savent encore héberger les alpinistes et faire en sorte que la montagne ne soit plus seulement un lieu de tourisme commercial.
vendredi 2 mai :
Le réveil est laborieux mais la satisfaction est là. Nous passons un moment avec nos hôtes, chantons un peu et prenons des photos. Il est l’heure de retourner dans la vallée. Skis aux pieds puis sur le dos pour enfin arriver à la benne qui nous redescendra tranquillement jusqu’ à Chamonix. Nous arrivons vers 14 h 00. Un vrai bon repas puis l’heure des corvées, et là … nettoyage, tri du matériel, navette de voiture, logistique, etc… La soirée arrive enfin et nous sommes de sortie pour fêter l’ascension à Chamonix. Paghjelle, canti, ricordi è amiccizia.
Samedi 3 mai :
Nous redescendons tranquillement pour embarquer à Toulon.
Da a cim’a monte biancu
Vi mandemu sta paghjella
Incu le muntagn’a fiancu
Pensem’a la cursichella
A nostr’isula ci manca
Chi per noi he la piu bella

Le collectif prendra le pas sur l’individuel et nous réussirons. Il ne reste plus qu’à se préparer et agir en fonction des conditions météorologiques en montagne
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