Le 7 mars 2024, un exercice d’alerte s’est déroulé à la centrale thermique de Lucciana dans le cadre d’un Plan d’Opération Interne destiné à améliorer les techniques de prise de décision, d’intervention et de coopération interservices en cas de sinistre dans un établissement industriel.
Le SIS 2B sur le pont
Le plan d’opération interne (POI) est un outil opérationnel de gestion de crise pour les établissements industriels. Il décrit l’organisation, l’intervention et les moyens disponibles sur le site lors de la survenance d’un sinistre. Depuis le 1er janvier 2023, il concerne tous les établissements classés SEVESO, comme la centrale thermique de Lucciana, et oblige également l’organisation régulière d’exercices d’alerte afin de conserver un maximum d’efficacité en cas d’accident au sein de l’exploitation.
C’est donc dans ce cadre que jeudi 7 mars 2024 un exercice d’alerte a été organisé sur le site en présence de tous les partenaires censés intervenir.
Deux victimes lors d’un incendie dans une salle à côté des cuisines
Selon le scénario mis en place, un incendie s’est déclaré vers 9h30 dans une galerie de câbles, à proximité du bloc cuisine. Un incendie dont l’origine reste inconnue et qui a fait 2 victimes, dont une brulée et l’autre retrouvée inconsciente. Immédiatement prévenus, les sapeurs-pompiers de Lucciana, du groupement nord et du groupement planification sont intervenus tandis qu’un PC crise a été mis en place dans les locaux administratifs de la centrale de Lucciana.
Très vite les deux victimes ont été secourues et transportées à l’hôpital de Falcunaghja tandis que l’incendie a été maitrisé.
Cet exercice a duré trois heures, il a mobilisé une quinzaine de pompiers et d’agents EDF, il a permis de mettre en œuvre toute la chaine d’intervention et de gestion de la crise, comme le prévoit la procédure en place.
Bilan très positif
« Le bilan est très positif explique Mathieu Pedesert, le directeur d’établissement de la centrale EDF Production Electrique Insulaire de Lucciana. Cet exercice, indique-t-il, nous a permis principalement de mettre en place et régler notre organisation et d’entretenir nos relations avec les autres services de l’Etat comme les pompiers, puisqu’il s’agit d’un partenariat que nous avons depuis déjà plusieurs années. De tels entrainements sont faits régulièrement et à minima annuellement. Cela est important dans la mesure où ça permet de montrer également à la population notre capacité à pouvoir réagir et traiter un événement accidentel, sachant que nous faisons déjà beaucoup pour l’éviter. Nous travaillons également la constitution d’un PC crise capable d’organiser les tâches entre tous les intervenants, et définir une stratégie pour identifier voire anticiper la situation ».
« C’est pourquoi, précise Mathieu Pedesert, le POI reprend un certain nombre de scénarios, d’événements auxquels nous pourrions être confrontés, nous disposons de ce que nous appelons des fiches réflexes qui permettent aux exploitants de pouvoir réagir, d’effectuer les manœuvres à réaliser en priorité pour assurer notre protection incendie lorsqu’il s’agit d’un incendie mais ça peut être aussi lors d’un événement environnemental ».
« Nous poursuivrons ces exercices, conclut Mathieu Pedesert, même si bientôt la centrale de Lucciana sera alimentée par de la biomasse liquide, un combustible exclusivement à base de colza, voire un peu de tournesol. L’enjeu principal étant la réduction des émissions atmosphériques, nous serons neutres en émission directe de CO 2. Ce produit sera certes moins inflammable que le fioul que nous utilisons aujourd’hui, il s’agira d’un produit biodégradable donc avec moins de problématiques que le fioul, mais en fonction des recommandations de la DREAL, nous pourrions tout de même rester un site classé SEVESO seuil bas, et donc conserver les obligations liées au POI ».
De son côté, le Lieutenant-colonel Jean-Noël Rigot qui dirige le groupement Nord au SIS de Haute Corse, tire lui aussi un bilan satisfaisant de « cet exercice qui, explique-t-il, s’inscrit parfaitement dans la démarche de préparation opérationnelle des pompiers. Cela permet de mettre en exergue certains axes d’amélioration notamment le travail à réaliser au sein des PC exploitants pour renforcer la connaissance mutuelle des agents. Cela permet également de recadrer certains principes opérationnels à mettre en œuvre sur des interventions dont l’occurrence est plutôt faible à très faible ».
« Ces exercices sont donc importants pour les sapeurs-pompiers afin de perfectionner leur technique opérationnelle et leur préparation à la gestion de l’événement, conclut Jean-Noël Rigot. Pour les mêmes raisons, c’est également important pour l’industriel de travailler de concert avec les services d’incendie de secours, mais c’est aussi important pour les autorités locales et pour la population de voir que leurs sapeurs-pompiers se préparent à toute éventualité et travaillent dans le sens de l’amélioration permanente de leur réponse en cas de sinistre ou de crise ».
Prochain exercice prévu le 3 avril prochain, toujours dans le même cadre. Il se déroulera au dépôt pétrolier de la Marana.