Souhaité par les chasseurs depuis plusieurs années, un chantier « faunistique » a été réalisé le 29 janvier dans le Niolu. Une opération interservices de brûlage dirigé qui permettra à certaines espèces d’oiseaux de se réfugier et nicher sur des espaces rendus accessibles après le passage du feu.
Un secteur important pour la perdrix rouge
A l’origine de cette démarche, la fédération des chasseurs de Haute Corse souligne que dans la microrégion du Niolu « le site de Pasciu, au col de l’Arinella, est géré et protégé par les chasseurs niulinchi depuis des décennies ».
Situé entre 1200 et 1600 mètres d’altitude sur la commune de Casamaccioli, Pasciu se situe coté vallée du Tavignanu, on s’y rend via la piste partant du barrage de Calacuccia et qui monte à Bocca a Croce (près de Bocca a l’Arinella).
Il comprend également une réserve officielle de chasse et de faune sauvage, dont la création a été motivée par l’importance du secteur pour la perdrix rouge. En effet, depuis des années, dégradée par de nombreux incendies, la flore y devient moins diversifiée, ce qui n’est pas sans conséquences sur la présence des animaux qui s’y abritent, s’y reproduisent, qui y nichent ou s’y nourrissent selon leur espèce.
Au cours de cette opération, les équipes ont donc veillé à ne pas brûler l’intégralité de la végétation mais ont laissé des îlots d’arbustes afin de favoriser la biodiversité, avec en priorité la conservation d’essences protégées mais aussi d’autres qui sont vitales pour l’alimentation et le refuge de nombreuses espèces animales.
Le double intérêt du brûlage dirigé
Pour les chasseurs, l’intérêt est simple : « il s’agit de réaliser un brûlage dirigé sur une quinzaine d’hectares sur ce site en vue de la réouverture du milieu au profit d’espèces sauvages chassables (le petit gibier, perdrix et lièvre), ou non chassable (le mouflon), chacune de ces espèces subissant la raréfaction de la ressource alimentaire ». Cette action bénéficierait aussi à « un grand nombre d’autres espèces tels que des plantes herbacées et des invertébrés », comme l’explique Jean-Baptiste Mari, le président de la Fédération départementale des chasseurs de Haute Corse.
Enfin, intérêt également pastoral car il concerne des zones de transhumance pour plusieurs bergers.
Outre ce rôle écologique, pour les sapeurs-pompiers c’était l’occasion d’entretenir un site de brûlage qui correspondait à un chantier en cours de préparation et validé en GTT dans le cadre de la Défense de la Forêt contre l’Incendie (une coupure de combustible planifiée au titre des études de massifs du Valdu Niellu et du Tavignanu), explique le Colonel Pierre Pieri, directeur du SIS 2B.
Sur le terrain, une quarantaine de professionnels représentant l’interservices ont été sollicités pour ce chantier, dont l’UIISC 5 de Corte représentée par son chef de corps, le Lieutenant-colonel Christophe Peltier
Sollicité par les chasseurs, le Président du SIS 2B a donc mandaté Gilles Planelles, conseiller technique départemental pour le brûlage dirigé et les feux tactiques à l’ONF et officier expert pour rencontrer un technicien de la fédération départementale de la chasse.
A l’issue de cette journée, le président du SIS 2B, Hyacinthe Vanni tire un bilan satisfaisant de la démarche, sur le plan de sa réalisation, que de la collaboration entre tous les services spécialisés représentant différentes administrations, et la fédération des chasseurs.
Reste que si le brûlage dirigé constitue un moyen très efficace de gestion de la faune et de la flore, les conditions météos difficiles n’ont pas permis d’y recourir comme on l’espérait en 2023. La sécheresse tardive d’automne avec des feux de forêt et de nombreux épisodes venteux voir tempétueux, suivis d’une sècheresse précoce de printemps avec là encore de nombreux feux sont à l’origine de la situation.
Seuls quelques chantiers de faibles surfaces ont été possibles. Ce phénomène est d’ailleurs assez généralisé au niveau national.
Pour cette année 2024, alors que la saison ne fait que débuter, les conditions météorologiques semblent pour l’instant peu propices à la réalisation de nouveaux chantiers qui revêtent le double intérêt DFCI/faunistique. Au titre de la DFCI, 710 hectares sont néanmoins programmés en Haute-Corse dans les régions de Vizzavona, Ghisoni, Solaro, en Balagne et dans le Valduniellu.