Les défis auxquels sont confrontés les sapeurs-pompiers au quotidien, exigent non seulement du courage, mais également une capacité à s’adapter constamment aux situations les plus complexes et imprévisibles. C’est dans cet état d’esprit que vient de se dérouler au centre de secours de Calvi, une formation qui a fait la part belle aux mises en situation pour 12 sapeurs-pompiers du Cismonte, appelés à exercer la fonction de chef d’agrès à une équipe « secours aux personnes ».
Nous avons demandé à l’Adjudant-Chef Olivier Bouyssi, responsable pédagogique de la formation de nous présenter les tenants et aboutissants de ce stage :
En quoi consistait-il ?
« Essentiellement à mettre nos apprenants en situation de chef d’agrès secours aux personnes. Pour ce faire, nous mettons en œuvre une nouvelle pédagogie dite d’approche par les compétences (APC). Cela passe par des mises en situation professionnelle, proches de la réalité, notamment dans des lieux publics en recherchant une approche visant à sortir de la zone de confort ».
A qui s’adressait-il ?
« Comme l’exigent les prérequis, cette formation s’adressait à minima à des sous-officiers issus de divers centres de secours de Haute-Corse. Ces agents tiendront après cette action de formation la fonction exigeante de premier commandant d’une opération de secours de secours à personne. Ils assumeront ainsi la responsabilité du bon déroulement de l’intervention, et la mise en œuvre de tous les gestes de secours entrepris dans l’intérêt des victimes ».
Quelle en était la finalité ?
« Donner la priorité aux mises en situation professionnelle qui permettront aux chefs d’agrès de se rapprocher le plus possible de la réalité à l’exemple d’un accident sur la voie publique simulé où il a fallu mettre en œuvre le balisage destiné à sécuriser l’intervention, gérer la circulation, les passants et faire les demandes adéquates en moyens. Bien entendu nos apprenants sont évalués lors de ces exercices ».
Pourquoi cette coopération avec la gendarmerie ?
« En général, dans bien des situations que nous sommes appelées à gérer, nous demandons le concours des forces de l’ordre. Durant ces quatre journées, les gendarmes de Calvi se sont prêtés bien volontiers au jeu afin de nous aider à mettre la réalité au plus proche. Sur un scénario impliquant les tirs d’un forcené dans un quartier résidentiel de la cité semper fidélis, nous avons pu avoir à nos côtés, le peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie de Calvi avec leurs équipements lourds. Et ce, grâce à l’aval du commandant de la compagnie de Calvi, le chef d’escadron David Bihouée que nous remercions ».
Était-ce une première pour vous ?
« En général, ce niveau de coopération se retrouve à l’occasion d’exercices « tueries de masse » réalisés au niveau départemental, mais pas lors d’une formation. L’intérêt sur notre session était de prendre en compte, des situations que l’on retrouve malheureusement dans l’actualité et la Corse n’y échappe pas. Je veux évoquer le cas d’un forcené utilisant des armes blanches ou à feu lors d’un conflit intrafamilial par exemple. Dans ces cas, la conduite à tenir par les sapeurs-pompiers se pose avec acuité. Ce travail en parfaite synergie avec le PSIG a permis à nos pompiers de voir comment se déroulait ce genre d’évènement et les méthodes employées par les forces de l’ordre pour maitriser un forcené. En cela l’expérience a été enrichissante ».
Quelle était la singularité de cette phase ?
« A chaque formation de chef d’agrès que nous avons eu à réaliser en Balagne, j’ai toujours pu bénéficier du concours de la gendarmerie, parce que dans le mémento de chef d’agrès, on aborde notamment le transport de détenus. D’où la nécessité d’une coopération avec la gendarmerie de proximité qui va interpeller et mettre en garde à vue le mis en cause. Ce dernier peut alors faire un malaise en cellule, il faut pouvoir le transporter. Pour ce faire, il y a une procédure à respecter. Donc, nous avons eu accès aux locaux de détention de la brigade de Calvi, afin de pouvoir simuler cette action Cette phase a incontestablement représenté un plus pédagogique pour nos apprenants qui ont pu appréhender les forces de l’ordre dans un autre contexte ».
Quels sont les autres modules proposés dans cette formation?
« Au-delà du scénario impliquant un forcené, et un accident simulé sur la voie publique comprenant quatre victimes, nous avons vu plusieurs types de situations, par exemple, le cas intéressant d’un élagueur suspendu à plus de 8 mètres de hauteur, mais également une chute dans des rochers dans le secteur de la citadelle de Calvi qui nous a permis de demander le concours de nos collègues nageurs sauveteurs aquatiques dans le cadre d’une évacuation par le secteur côtier. Nous avons également traité le transport de mineurs avec le concours de l’école primaire et de la crèche municipale ».
En conclusion ?
« Cela fait maintenant plusieurs années, avec l’équipe pédagogique et les instructeurs, que l’on a mis cette formation en place sur la base d’une mise en situation professionnelle de l’approche par les compétences. Aujourd’hui on peut dire que c’est une méthode qui est rodée avec une délocalisation dans les territoires de ces actions encouragée par le groupement formation du SIS 2B. Une opportunité pour nous, d’améliorer de façon continue le dispositif pédagogique de formation et en faire une plus-value importante pour nos sapeurs-pompiers ».
A noter qu’à l’issue de ces quatre journées intensives, les apprenants ont été invités à visiter le centre de traitement de l’alerte du CODIS 2B ainsi que le Centre de Réception et de Régulation des Appels (CRRA 15) à l’hôpital Falconaja de Bastia. D’un avis unanime, cette session a été un moment fort de partage d’expérience et de convivialité. Des remerciements ont été adressés, in fine, aux équipes de garde du centre de secours de Calvi, pour la qualité de leur hospitalité.
L’équipe pédagogique : Adc Olivier Bouyssi, Adc Gabriel Cruciani, Adc Laurent Cochet, Adc Damien Volpei, Adj Jean-Louis Acquaviva, Sgt Julien Sassi, Cpl Charles Rocchi, Ltn Jean-Jacques Vigneau.