Samedi 23 septembre en fin d’après-midi à Aléria, un vibrant hommage a été rendu au premier soldat du feu de Haute-Corse décédé en service commandé. C’était en 1946 à Bastia mais dans le Cœur de tous, c’était hier car la mémoire des braves ne s’éteint jamais !
Il fut le premier « frère d’armes » insulaire à périr au feu. Si malheureusement depuis trop d’âmes l’ont rejoint au firmament du dévouement, François-Marie reste un modèle de courage et d’abnégation. Signe de l’estime qui ne se tarit pas à son égard, tel un fier étendard, la promotion des secondes années de JSP de la Plaine orientale se nomme : François-Marie Ercole. Un symbole fort qui met davantage en exergue l’esprit de corps des sapeurs-pompiers de la Haute-Corse légué par nos « anciens ».
La mémoire dans la peau
Placées sous le commandement du Lieutenant Philippe Delogu, chef du CIS d’Aléria et chef du protocole pour l’occasion, les troupes ont donc pris position au cimetière d’Aléria, autour de la famille du regretté disparu, des élus locaux et régionaux. Moment fort de la commémoration organisée par l’amicale d’Aléria, l’homélie du diacre Luc Bronzini de Caraffa qui, rappelant le lourd tribut payé par les sapeurs-pompiers disparus trop tôt, invitait l’assemblée à se recueillir en leur mémoire. Puis il soulignait que, si jadis nos aïeux avaient accompagné leur camarade ici, dans sa dernière demeure, la flamme de son souvenir n’avait jamais été enterrée. Des paroles emplies de compassion que le diacre s’est attachée à placer sous le sceau du respect des croyances de toutes et tous.
Une valeur chère qui a forcément animé François-Marie lorsque le 23 septembre 1946 à 21h15, il est engagé sur un feu au fort Lacroix à Bastia. Le Lieutenant Philippe Delogu a retracé ces dramatiques événements : « Partie de la caserne située au théâtre de Bastia, une équipe de quatre hommes arrive rapidement sur les lieux et constate qu’en plus d’un feu de maquis, des lueurs proviennent de la porte d’entrée du Fort. Équipés de pelles, les pompiers procèdent à l’extinction mais lorsque le sapeur François-Marie Ercole s’approche pour vérifier ce qui brûle, il est surpris par une très violente explosion de munitions stockées dans la soute du Fort. Il est tué sur le coup et l’explosion projette ses trois camarades à plusieurs mètres de leur position. Le Capitaine Graziani, alors chef de corps, arrive sur place et en recherchant ses hommes malgré les explosions qui perdurent, il découvre le corps d’un homme qu’il ne peut identifier. Quelques instants plus tard, après avoir retrouvé trois de ses hommes blessés, il comprend que c’est le sapeur conducteur Ercole qui a péri. »
L’exemplarité en fer de lance
Un drame qui avait suscité une vive émotion en Corse mais avant tout dans les rangs des pompiers bastiais dont le corps communal avait été créé seulement quatre ans plus tôt. Le maire de l’époque (1945-1947), Hyacinthe de Montera s’était d’ailleurs fendu d’un discours bouleversant (*) au cours duquel il avait exprimé son profond désarroi : « François-Marie avait 34 ans et il était orphelin. Il avait été élevé avec infiniment de tendresse par la seconde femme de son père qui avait fait de lui un homme droit au cœur généreux. Rentrant de la zone d’occupation après avoir fait toute la guerre, il avait subi avec succès le concours donnant accès à la formation des pompiers de Bastia. Je l’ai vu à ce moment plein d’allant et de jeunesse, ne demandant qu’à déployer dans ses nouvelles fonctions la belle activité dont il était doué, heureux de pouvoir grâce à cette nouvelle situation, fonder bientôt un foyer. La joie m’avait ému et je me sentais heureux d’avoir pu en cette circonstance faire un peu de bien. Hélas, en l’appelant à ces nouvelles fonctions, c’est un arrêt de mort que j’ai signé », soupirait le premier magistrat. « Nous sommes ici-bas de pauvres êtres et quand nous pensons donner la joie et le bonheur, nous apportons souvent la détresse et la mort », ajoutait le maire. Le Préfet de Corse (Pierre Joseph Jean Jacques RAVAIL) avait aussi contribué aux honneurs rendus à notre camarade car il avait obtenu du ministère de l’Intérieur l’octroi de la « médaille d’argent 1ière classe (Belles actions) au sapeur-pompier François Marie Ercole de la ville de Bastia, mortellement blessé en service commandé, au Fort Lacroix, le 23 septembre 1946. » Une récompense qui ne change pas grand chose à la perte d’un être cher mais elle atteste de l’unanimité et de l’unité qui s’était formée autour de la reconnaissance du courage, du dévouement et du sacrifice ultime de notre camarade. Ch’ellu (ellu ?) risposu in santa pace et ch’ellu sia sempre un esempiu per tutti.
(*) Document retrouvé et partagé par Luc Pasquali, adjudant des sapeurs-pompiers volontaire et membre de l’amicale des pompiers d’Aléria, responsable de la commission histoire de l’Union départementale
Etaient présents et/ou représentés :
Autorités civiles : membres de la famille, Jean-Claude Franceschi, président de la communauté de communes de l’Oriente, Ghjuvan-Santu Le Mao, conseiller à l’Assemblée de Corse représentant Mme Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse et M. Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse, Dominique Lucciani, premier adjoint à la mairie d’Aléria et représentant Paulu-Santu Parigi, sénateur de la Haute-Corse.
Autorités militaires : capitaine Sylvain Cheval, officier adjoint de la 1ière compagnie d’intervention à l’UIISC 5 Corte